En octobre 2020, les ministres français et allemand de l’Agriculture se sont engagés à mettre un terme à la pratique du broyage des poussins mâles d'ici à fin 2022. Faute d’avoir des débouchés en élevage, ces poussins sont éliminés par broyage, une technique devenue inacceptable du point de vue de la protection animale et répondant à une attente forte de la part des consommateurs et des associations de protection animale. En France, cette pratique concerne environ 50 millions de poussins. Au cours de l’été dernier, le Conseil d’État sera saisi d’un projet de décret, précisant qu’au 1er janvier 2022, tous les couvoirs devront avoir installé ou commandé les machines de « sexage in ovo », permettant de mettre fin à l’élimination des poussins mâles.
RISQUE DE DISTORSION DE CONCURRENCE
Les techniques alternatives au broyage sont relativement sophistiquées et reposent sur des systèmes d’analyse d’images ou encore sur la génétique. Le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO) a fait savoir que les professionnels français des œufs étaient d'ores et déjà en ordre de marche pour réaliser tous les aménagements et investissements nécessaires et compte tenu des délais serrés. La filière française fera ainsi partie des deux premières filières du monde, avec l'Allemagne, à adopter la méthode alternative d'ovosexage. Mais l’interprofession des œufs s’inquiète des distorsions de concurrence que ne va pas manquer de faire naître cette nouvelle réglementation, qui ne s’impose pas à l’ensemble des pays membres de l’Union européenne (UE). Le ministre de l’Agriculture s’est cependant engagé à promouvoir l'extension des méthodes alternatives à l'élimination des poussins mâles à l'ensemble des pays de l’UE.
+ 3 CENTIMES LA BOÎTES DE 6 ŒUFS
Comparativement au broyage, l’ovosexage induit des surcoûts, Le CNPO a fait ses calculs : outre les 15 millions d'euros d'investissements nécessaires pour l'équipement des couvoirs, la filière a évalué à 64 millions d'euros par an, les frais de fonctionnement à supporter par les éleveurs, soit 4% du chiffre d’affaires annuel de la filière. Rapporté à l’œuf, ce surcoût équivaut à un minimum de 3 centimes d’euro pour une boîte de 6 œufs. Pour ce CNPO, la hausse qui doit être répercutée à l'acheteur final, les marges des différents maillons de la filière étant trop faibles pour absorber cet investissement majeur. La filière a bénéficié d’une enveloppe de 10 millions d’euros dans le cadre du Plan de relance.
© Raphaël Lecocq – Uni-médias - Novembre 2021
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